Qui sont ces personnes si tolérantes et si ouvertes, mais qui crient au
fascisme au moindre désaccord ?
Quelles sont ces « élites » qui ne connaissent aucun de leurs
dossiers, restent en surface de tout, maintiennent sous le boisseau ceux qui
pensent et agissent réellement ?
Qui sont ces hommes qui invitent à prendre des risques mais n’en prennent
eux-mêmes aucun, leurs gains étant garantis, leurs pertes payées par d’autres,
leurs accomplissements toujours captés et volés, jamais mérités ?
Quels sont ces acteurs qui jouent les hommes responsables mais ne pensent
qu’à leur intérêt immédiat et personnel sans souci aucun des conséquences ?
Qui sont ces donneurs de leçon exhortant à la réalisation de soi mais qui
ne font que sculpter une statue à leur gloire et à leur narcissisme au lieu de
cultiver maîtrise et engagement, et ne savent pas faire la différence entre les
deux ?
Quels sont ces hommes qui se disent ouverts sur le monde et adversaires du
repli sur soi, mais ne sortent jamais de leur petit milieu préservé, ne se
confrontent jamais à des situations réellement difficiles ou dangereuses ?
Qui sont ces penseurs qui se disent profonds, mais ne savent pas tenir deux
minutes les tensions créatrices entre deux notions opposées, identité et
ouverture, tradition et modernité, racines et ailes, les sectionnant platement
en deux parties pour dire que l’une est le bien, l’autre le mal, leur gloire
comme seule véritable raison ?
« Nous sommes si accoutumés
à nous déguiser aux autres qu'enfin nous nous déguisons à nous-mêmes. »
François de la Rochefoucauld